I"m afraid of Americans
LES FANTOMES DE L'AMERIQUE
Fantôme, du grec phantasma, de ces humeurs sombres qui hantent les limbes de nos sociétés vieillies, des spasmes au déploiement insondable d’avant la mue, ou l’Apocalypse...le reflet en sursaut d’un golden dream déliquescent, un rappel en écho à cette conscience sombre et puissante des racines. Une temporalité qui s’affole, poussé hors la nécessaire gestation du vivant....Etas-Unis, 2017, sidération provoquée par un scénario inédit mettant en scène l’arrivée aux plus hautes fonctions du milliardaire animateur, l’élection de Donald Trump provoque un séisme mondial. Comme le ferait une glaciation soudaine, ce temps pétrifié tend à convoquer des séquences mémorielles, l'envie de revenir vers ce qui fait écho en nous dans cet imaginaire américain, en esquisser les contours, cette empreinte indélébile du rêve étoilé...C’est la trame de ces peintures, des arrêts sur images vers ce qui pose encore question aujourd’hui; Un temps particulier que celui qui voit ressurgir les démons, peut être avec l’espoir de leur donner un visage - nommer, identifier, et conjurer... Mais c’est avant tout la matière d’un rêve, l’or d’un soleil couchant sur Monument Valley, les poussières de pellicule de nos idoles au sourires parfaits, le suspense d’un thriller, la zone d’ombre de tous les fantasmes, pègre d’hier, trader du jour ou serial...
Florence Aussenard
"Il y a des entités, — des choses incorporelles, ayant une double vie, laquelle a pour type cette dualité qui ressort de la matière et de la lumière, manifestée par l’ombre et la solidité. Il y a un silence à double face, — mer et rivage, — corps et âme. L’un habite les endroits solitaires, nouvellement recouverts par l’herbe ; des grâces solennelles, des réminiscences humaines et une science de larmes lui ôtent toute terreur : son nom est : « Non ! plus ». C’est le corps du silence : ne le redoute pas ! Il n’a en soi de pouvoir mauvais. Mais si quelque urgent destin (lot imtempestif !) t’amène à rencontrer son ombre (elfe innommée, qui, elle, hante les régions isolées que n’a foulées nul pied d’homme), recommande ton âme à Dieu"
Ghosts
EDGAR ALLAN POE
Ce tableau est inspiré d’une photo du film, Abattoir 5,(Slaughterhouse-Five), roman de Kurt Vonnegut, et le film éponyme, de George Roy Hill..
Il met en scène l’ingénu Billy Pilgrim (le pèlerin). Notre héros est doué de la faculté de voyager dans le temps, le sien, propre, en résonnance avec les théories de la civilisation extraterrestre de Tralfamodore, qui rejettent la notion d’un espace temps continu, pratiquant une simultanéité d’existences.
A l'abri dans leurs chambres d'albâtre
Insensibles à l'aube
Insensibles au jour
Reposent les membres dociles de la Résurrection
Poutre de satin - et toit de pierre
Splendides vont les ans - dans le croissant
Au-dessus d'eux-Les mondes creusent leurs arcs
Et les firmaments voyagent
Les diadèmes tombent - et les doges -se rendent
Sans bruit comme des points - sur un disque de neige"
Emily Dickinson
La vie est tragique, tout simplement parce que la terre tourne, parce que le soleil se lève et se couche inexorablement, et parce qu’un jour, pour chacun de nous, le soleil se couchera pour la toute dernière fois. L’origine de toutes les difficultés humaines se trouve peut-être dans notre propension à sacrifier la beauté de nos vies, a nous emprisonner dans des totems, tabous, croix, sacrifices de sang, clochers, mosquées, races, armées, drapeaux, nations afin de dénier que la mort existe, ce qui est précisément notre unique certitude. James Baldwin
LIFE AND DEATH OF THE RUSHMORE I et II - 2018 - acrylique et huile sur bois 60x50 cm
Howard Rushmore naquit dans le Dakota en 1877.
Victime de la grande dépression au début du siècle, il développe assez jeune une sensibilité politique résolument démocrate.
Il est embauché comme journaliste dans un magazine littéraire communiste, le Daily Worker, au sein duquel il écrit des critiques de films. Il en est licensié le jour où il est en désaccord avec la rédaction.
Cela l’amène à s’éloigner du Parti, jusqu’à devenir plus tard témoin à charge lors des audiences des procès Mac Carthy. Il prend par la suite la direction du journal «CONFIDENTIAL» rubriques de tous les potins, faits divers et turpitudes du milieu d’Hollywood. Cependant, marié à Frances Rushmore, sa vie sentimentale se détériore, devenant une succession de péripéties névrotiques et violentes.
Celle ci se termine, à l’image des faits divers dont il était le narrateur, par un épisode sanglant ou Howard abat sa femme Frances de plusieurs balles dans l’habitacle d’un taxi, avant de retourner l’arme contre lui.
Ce destin Américain m’a interpellé, un couple iconique du glamour hollywoodien, ce qu’affichent le sourire et l’élégance du couple sur la partie du diptyque que gauche. La peinture à droite, elle, est réalisée d’après le cliché pris par la police dans la voiture à l’issue du drame.
Il est assez fascinant comme parfois le sont ces arrêts sur images de corps soudain privés de vie... figé dans une pose provocante, le corps de Frances, que son meurtrier et mari semble encore protéger, un geste de tendresse posthume...
L’Amérique de l’après guerre est joyeuse, le photobooth, photomaton inventé par Josepho en 1925 à New York, est déjà populaire. Il permet d’immortaliser la grâce d’un moment à deux dans l’intimité fabriquée de la boite à images. LOOK OF LOVE, regards d'amour, portraits
LOOK OF LOVE / série - 40x30 cm - acrylique et huile sur tissu tendu sur chassis
Car, en fin de compte, la peur chasse même l"humanité de l'homme. Et la peur, mes bons amis, la peur est la base et le fondement de la vie moderne. La peur de la technologie tant prônée, qui, si elle élève notre niveau de vie, accroit la probabilité de mort violente. La peur de la science, qui enlève d'une main plus encore qu'elle ne donne avec une telle profusion de l'autre. La peur des institutions dont le caractère mortel est démontrable et pour lesquelles, dans notre loyalisme suicidaire, nous sommes prêts à tuer et à mourir. La peur des Grands Hommes que, par acclamation populaire, nous avons élevés à un pouvoir qu'ils utilisent, inévitablement, pour nous assassiner et nous réduire en esclavage. La peur de la Guerre dont ne voulons pas et que nous faisons cependant tout notre possible pour déclencher. APE AND ESSENCE - ALDOUS HUXLEY