PLASTER FACES

Visages de plâtre, de cette matière qui se bâtit, se sculpte, qui garde l’empreinte...

Une fascination assez récurrente pour la chose sculptée, un travail sur les figures de plâtre, PLASTER FACES, celles de Rodin, Camille, les masques mortuaires, ou de reconstruction faciale, que j’ai fait il y a quelques années et puis plus récemment ce choc avec les photos de Jahan, le cimetière des statues, spectacle de gloires pantelantes et désarticulées...cependant qu’au même moment l’actualité bruisse d’icônes que l’on veut déboulonner, ces statues, mises hors d’usage parce que l’on convoitait leur matériau, seront les témoins blessés des naufrages du temps...

CAMILLE CLAUDEL

C'est principalement la représentation de l'artiste qui est ici revisitée... La figure de Camille Claudel, incarnation rugueuse des moulages de Rodin, icône pensive, définitivement, comme en contemplation dans ce marbre si célèbre, la pensée, et toutes ces ébauches d’ELLE .. .Et puis ses bustes torturés qu’elle même creuse, modèle cisèle, saisissant le vécu d'un geste simple, l'intensité de l'instant dans ce moment qui s'échappe et qu'elle fige dans toute sa densité tragique...

collage et dessin sur carton
collage et dessin sur carton

dessin à l'encre et digital sur carton 29x42 cm

acrylique et digital sur kraft 30x30 cm


 

CAMILLE MODÈLE

 

Peu de temps après leur rencontre, Rodin modèle le visage de Camille Claudel. Un premier portrait dévoile un visage presque enfantin, aux yeux grands ouverts et à la bouche fermée, qui lui composent une expression vague et détachée. À partir de cette tête, Rodin modèle une série de variations comme Camille Claudel au bonnet où seule la coiffure a été modifiée. Après leur séparation en 1893, Rodin continue à utiliser ce même masque de Camille Claudel dans des assemblages qui expriment toute la complexité de leur relation. À la surface du visage, les traces des techniques employées par Rodin sont apparentes. D’autre part, les lignes en relief qui quadrillent le visage sont les traces du moulage en plâtre. Figure féminine symbolique, L’Adieu est une tête sans cou qui émerge d’un bloc. Rodin emploie de nouveau le masque de Camille Claudel qu’il assemble avec deux mains qui se joignent devant la bouche. L’ensemble est lié par un drapé et présenté sur une large base rectangulaire. L’ambiguïté du geste des mains contribue à donner une expression de profond désarroi à ce portrait.

CAMILLE- huile et acrylique sur toile - 60x42 cm



BROKEN FACES

BROKEN FACE encre sur papier 20x20cm
BROKEN FACE encre sur papier 20x20cm

L'expression « gueules cassées » inventée par le colonel Picot, premier président de l’Union des Blessés de la Face et de la Tête, désigne les survivants de la Première Guerre mondiale ayant subi une ou plusieurs blessures au combat et affectés par des séquelles physiques graves, notamment au niveau du visage. Elle fait référence également à des hommes profondément marqués psychologiquement par le conflit, qui ne purent regagner complètement une vie civile ou qui durent, pour les cas les plus graves, être internés à vie.

Durant et après la guerre, de nombreux soldats de retour de la guerre ou des hôpitaux étaient gravement handicapés par les séquelles, dont 15 000 touchés au visage... Afin de réparer les dégâts physiques et psychosociaux de la guerre, des centres sont ouverts pour proposer des méthodes de camouflage ou de réparation des visages abîmés.

"Le visage mutilé est dangereux à voir, tabou, parce qu’il montre sans détour l’horreur de la guerre, une horreur sans précédent, due au caractère industriel du conflit. Le blessé de la face arbore de manière trop perturbante qu’il a sacrifié pour la Nation une partie de lui-même que celle-là est totalement incapable de lui restituer, à savoir son identité et son humanité."

MOULAGES de plâtre -document - avant et après reconstruction
MOULAGES de plâtre -document - avant et après reconstruction

Les éclats d'obus et de grenades causent les plus graves dommages aux corps et près de 500 000 soldats ont été blessés au visage, entraînant en conséquence l'essor de la chirurgie maxillo-faciale. Après un traitement initial destiné à stabiliser la santé du patient, une seconde intervention, de nature réparatrice, tente d'atténuer les dommages causés au visage, afin d'aider l'ancien soldat à retrouver son identité.

                                     BROKEN FACES

avant/après - encre et acrylique sur papier - 20x20 cm

"Le visage est ce territoire du corps où s’inscrit la distinction individuelle" ...

LES GUEULES CASSEES - variations

HOW TO DRAW A BROKEN FACE - dessin et digital sur papier -21x30 cm
HOW TO DRAW A BROKEN FACE - dessin et digital sur papier -21x30 cm

Un plâtre qui colmate, reconstruit, ébauche et invente la renaissance du visage, redonne figure littéralement à l’humain. Effacer la trace de l’Horreur, l’innommable, de cette mutilation qui atteint l'identité même, forcément différence d'autres atteintes corporelles....AVANT/APRÈS


THE BLAST / SÉRIE 

ACRYLIQUE ET TRANSFERT SUR CARTON TOILÉ - 40X40 CM


MASQUES DE MORT

« Ce n’est pas mort que tu t’en vas, c’est vivant que tu pars t’asseoir auprès des dieux ».

Depuis le Moyen Age pour les Rois et de façon plus courante ensuite il existait une pratique qui consistait à faire des moulages du visage de personnes récemment décédées pour garder une trace de leur apparence. La tendance s’est amplifiée avec le développement des théories autour de l’anthropométrie qui essayaient de voir des signes d’intelligence ou de criminalité dans les traits du visage ce qui a conduit par la suite a réaliser des moulages de gens de leur vivant.

Le masque mortuaire acquiert une véritable autonomie au XIXe siècle, grâce à une diffusion grandissante. Le masque mortuaire fétichise les traits du défunt, anonyme ou célèbre, devenant ainsi relique. A côté de cette fonction dévotionnelle, laïque, les masques mortuaires servent fréquemment de documents fiables pour la réalisation de portraits posthumes, peints et sculptés.

Since the Middle Ages for kings and more commonly then, there was a practice of making facial castings of people recently deceased to keep track of their appearance. The trend has grown with the development of theories around anthropometry that tried to see the signs of intelligence or criminality in the facial features that conducted as a result that the castings of faces were made when people were alive . The death mask acquired a real autonomy in the nineteenth century, thanks to a growing diffusion. The death mask fetishes the features of the deceased, anonymous or famous, thus becoming a relic. Beside this devotional, secular function, the mortuary masks are reliable documents for the realization of posthumous portraits, painted and carved.


« le plus effroyable de tous les maux, la mort, n’est rien pour nous, puisque tant que nous vivons, la mort n’existe pas. Et lorsque la mort est là, alors nous ne sommes plus. La mort n’existe donc ni pour les vivants, ni pour les morts, puisque pour les uns elle n’est pas, et que les autres ne sont plus. » EPICURE

GOETHE et PASCAL - acrylique et huile sur toile


MASQUES DE MORT

Ce plâtre, celui du masque mortuaire, dernière empreinte d’une écorce qui s’est vidée. Un instant figé entre deux mondes, yeux clos sur l’éternité, objet comme une icône qui retiendrait la vibration du vivant dans la paix de la mort